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Les enfants de Philippe-Xavier d'Horrer

REVOLUTION ET EMIGRATION EN RUSSIE 

PHILIPPE-XAVIER d'HORRER 
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Le chevalier PHILIPPE-XAVIER d'HORRER, avocat au Conseil Souverain d'Alsace (1773), sénateur et archiviste du Sénat de Strasbourg, conseiller du Roi au Siège prévôtal de la Basse-Alsace, bailli de justice du département des baillages de Wasselonne et de Marlenheim (1787), alors domaines de la ville de Strasbourg, naquit à Colmar le 14 avril 1745. Baptisé le même jour à la collégiale Saint-Martin, il eut pour parrain le chevalier Philippe d'Anthès (1), et pour marraine Antoinette Salomon, née d'Anthès.

En 1787, il fut envoyé par les électeurs comme député à l'Assemblée provinciale d'Alsace ; peu après, il fut nommé par le Roi membre de l'Assemblée du département du Bas-Rhin et envoyé en qualité de commissaire du Roi pour rétablir l'ordre à Haguenau.

Dans ces différentes occasions, il donna des preuves de son dévouement à la cause royale qui le rendirent l'objet d'une haine spéciale de la faction régicide. Elu maire d'Obernai en 1792, il organisa dans tout le district de Rheinfelden, sous les apparences d'une garde nationale mobile, un corps royaliste destiné à joindre ses armes à celles du prince de Condé, s'il avait pu, à cette époque, franchir le Rhin. Ainsi, selon Théodore Muret ("Histoire de l'armée de Condé"), "la vaste forêt d'Haguenau fourmillait de réquisitionnaires qui refusèrent obstinément de servir la République. Peu après l'entrée du prince de Condé en Alsace, une députation nombreuse de "Schultz", ou maires, vint lui offrir 4 000 chevaux tout équipés, mis en réquisition par le gouvernement républicain. Plusieurs milliers d'Alsaciens fidèles étaient, assura cette députation, tout prêts à se ranger sous le drapeau blanc. Quelques notables de la province et particulièrement le comte d'Horrer, maire d'Obernai, dont les deux fils servaient dans les chevaliers de la Couronne, avaient tout préparé avant leur émigration pour qu'un mouvement royaliste éclatât dès l'entrée du prince de Condé en France."

Après la journée du 10-Août, des commissaires arrivèrent à Strasbourg, porteurs d'un ordre de l'Assemblée Nationale de faire un exemple sur le maire d'Obernai. Mais, prévenu à temps, il émigra dans la nuit du 18 août 1792, emmenant avec lui ses deux fils déjà en âge de porter les armes et qui avaient coopéré à l'organisation de la milice royale du district de Rheinfelden, et rallia l'armée de Condé.

Marie Reine KienIl avait épousé à Strasbourg, le 20 juillet 1773, Marie-Reine KIEN (2), née le 14 mars 1745 et décédée le 31 octobre 1828, fille de Jean-Léonard, sénateur, ammeistre régent (= premier magistrat) et consul de la ville de Strasbourg, et de Marie-Anne VARNHAGEN (3) (Doc-10 : Acte de mariage).


 

Elle quitta plus tard l'Alsace avec ses plus jeunes enfants et, après avoir couru de nombreux risques, elle rejoignit son mari à Coblence, où les émigrés étaient réunis.

Au cours de cette fuite, elle vit une petite église en flammes, s'approcha et en sauva une petite pietà. Celle-ci survécut encore à l'incendie de Moscou et se trouve toujours dans notre famille.

Pieta

Un ordre du prince de Condé attacha Philippe-Xavier d'Horrer et ses fils au Quartier Général de l'armée autrichienne commandée par le comte de Wurmser. Tous trois y firent les campagnes de 1792 et 1793, et prirent part aux différents combats livrés par cette armée, dont le chef avait confié à Philippe-Xavier d'Horrer, comme mission particulière, la réorganisation provisoire des autorités dans tous les lieux conquis.

Mais celui-ci s'aperçut bientôt des vues de l'empereur d'Autriche sur l'Alsace et se retira en Allemagne. (voir Doc-4 : mentions de l'activité militaire  des d'Horrer au service des armées autrichiennes et de Condé).

Rentré à l'armée de Condé le 1er juin 1795 comme quartier-maître du corps d'artillerie avec le rang de lieutenant, sur la demande des chefs de ce corps, il fit en cette qualité les campagnes de 1795, 1796 et 1797, et est porté avec ce titre au contrôle du 1er mars 1797.

Il suivit l'armée en Russie et servit quelque temps comme officier attaché à la compagnie-chef à la formation russe d'avril 1798.  Ayant retiré un état de service du Prince de Condé, le 13/24 septembre 1798, (voir Doc-5 : Certificat du prince de Condéil démissionna le 7/18 de la même année et se fit délivrer pour lui, sa femme, son fils Pierre, canonnier noble, et ses deux autres fils Philippe et Marie-Joseph, tous deux nobles à cheval, un passeport pour Moscou ; il se fixa dès lors en Russie, où il prit du service dans l'armée du Tsar. C'est ainsi  que nous le voyons en 1808, au mariage de son fils Marie-Joseph, figurer à l'acte avec la qualification de capitaine au service de la Russie, grade avec lequel il prit sa retraite.

La famille d'Horrer habitait Moscou à l'époque où Napoléon s'en approchait. Les émigrés français étaient alors mal vus par les Russes qui les soupçonnaient de liens avec l'ennemi, et ceux qui n'avaient pas leurs papiers en règle ou pouvaient être suspectés de sympathie avec Napoléon furent déportés, évacués ou assassinés etc. La communauté française était consternée : ils avaient longtemps bénéficié d'une situation aisée à Moscou et risquaient de tout perdre.

Les premiers jours de l'occupation de l'armée de Napoléon à Moscou furent affreuses pour les émigrés restés à Moscou, comme les d'Horrer, car là aussi ils étaient recherchés comme des traîtres français passés à l'ennemi. Notre famille s'y touvait donc lors de l'incendie de Moscou par Rostopchine en 1812, et le chevalier d'Ysarn raconte, dans "L'histoire de la colonie française à Moscou" que, fuyant le feu, elle s'était réfugiée à la Miasnitskaïa chez le docteur KARRAS, gendre de Philippe-Xavier d'Horrer. (DOC 36 : Récit de l'incendie de Moscou, par le curé de l'église Saint-Louis-des-Français) Un pillage général suivit. Ayant absolument tout perdu à cette occasion, même ses papiers et ceux de sa famille, c'est en vain qu'il sollicita une demande de pension au prince de Condé qui la refusa : (Doc-6Doc-8Doc-9). En 1821, Philippe-Xavier d'Horrer signa le règlement de l'asile Sainte-Darie, maison de retraite fondée à Moscou dans les bâtiments paroissiaux de la paroisse Saint-Louis-des-Français par le comte de Quinsonas.

Le souvenir des d'Horrer s'est conservé dans la paroisse, mais la moitié de l'asile, toujours existant, a été annexé par le MGB (devenu KGB) tout proche. Les archives russes concernant la paroisse ont été récupérées juste avant leur rachat par la France et contiennent de nombreux actes de baptême, décès, etc, concernant les d'Horrer ainsi que des documents signés par eux et par les KIEN.  Il est l'auteur d'un "Dictionnaire géographique, historique et politique de l'Alsace" dont le premier volume (A et B), devenu rare et très recherché, est paru sans nom d'auteur en 1787 et dont le reste, demeuré manuscrit, s'est perdu dans la tourmente révolutionnaire. L'ouvrage entier devait comporter 12 volumes. Il aurait également publié, sans lieu ni date, un ouvrage intitulé "Breviculum jurium episcopatus Argentinensis".

Il  mourut à Moscou, âgé de 84 ans, le 31 octobre 1828. Il avait été fait chevalier de Saint-Louis le 6 mars 1817.

NOTES

1/ d'Anthès : c'est à cette famille, anoblie en 1731, qu'appartenait Georges d'Anthès, personnalité bien connue en Russie, émigré à la Révolution de 1830, officier au Régiment des Chevaliers-Gardes, qui tua en duel le fameux poète russe Alexandre Pouchkine, en 1837.

2/ Kien : Jean-Léonard Kien, frère de Marie-Reine d'Horrer, vivait alors à Moscou comme jésuite, précepteur dans la famille Bodisko.
Suivant une communication du baron de Galland, cette famille aurait été originaire de Zurich, où vivait vers 1420 Jean Kien, qui servit l'empereur d'Autriche et d'Espagne. La famille aurait quitté la Suisse à la défaite du parti autrichien pour s'établir près de Sélestat. Armes : De gueules à une flèche et à un trident d'or, passés en sautoir, les pointes en haut, et à une couronne de lauriers de même brochant sur le tout.

3/ Furent témoins à ce mariage : Jean-Léonard Kien, chanoine de Saint-Pierre-le-Vieux et Louis-Félix Kien, tous deux frères de l'épouse. François-Xavier Poirot, assesseur du Conseil des Quinze, et Jean-Baptiste de Nadal, avocat général de l'épouse, tous deux beaux-frères de l'épouse ; Joseph-André Horrer, avocat à la Cour Souveraine d'Alsace, frère de l'époux ; Benoît de Bruder, prévôt d'Appenweyr, et le chevalier Jean-André de Capriol de Saint-Hilaire, beaux-frères de l'époux ; François-Pierre de Brobèque, secrétaire au Directoire de la Noblesse de Base-Alsace.

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