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MARIE-JOSEPH d'HORRER 

 

Le chevalier, puis comte MARIE-JOSEPH d'HORRER, alias d'HORRER de FORSTING ou d'HORRER de REICHENBOURG de FORSTING (1) est le fils de Philippe-Xavier d'Horrer et de Marie-Reine Kien. Il est né à Strasbourg le 9 octobre 1775 et fut baptisé le même jour. (Doc-11 : Acte de naissance)
A peine âgé de 16 ans, il émigra avec son père Philippe (-Xavier) et son frère Philippe (-Léonard) le 18 août 1792 et rejoignit l'armée de Condé. Il servit d'abord, avec l'agrément du prince de Condé, en qualité de volontaire dans l'armée autrichienne avec laquelle il fit les campagnes de 1792 et 1793. Rentré comme volontaire au régiment des Chasseurs à cheval de Bussy, il fit avec ce régiment les campagnes de 1794 et 1795, et fut blessé d'un coup de feu à la bataille d'Opladen, le 7 septembre 1795. Il rejoignit l'armée de Condé le 1er octobre 1795 et servit dans le corps des Chevaliers de la Couronne, avec lesquels il fit les campagnes de 1796 et 1797, puis dans le Régiment Noble à cheval, avec lequel il entra en Russie à la fin de 1798.

Il demanda alors et obtient, le 24 septembre, sa démission pour se retirer en Russie en même temps qu'un certificat très élogieux du prince de Condé, et il se rendit à Saint-Pétersbourg.
Il résolut alors de travailler à se créer une existence dans ce pays et, tant par ce travail qu'à la suite d'un mariage avantageux, il acquit un domaine dans la province de Kiev où il demeurait lorsque, après ses victoires d'Iéna et d'Auerstaedt, Napoléon menaça les frontières de la Russie. A cette époque, le Tsar forma une milice volontaire à laquelle furent appelés les anciens officiers.

C'est ainsi que Marie-Joseph d'Horrer entra au service de la Russie, le 1er septembre 1806, comme commandant du 1er bataillon des Chasseurs volontaires de Kiev, corps de 500 hommes qu'il avait été chargé d'organiser. Il fut envoyé à l'armée de Moldavie avec ce petit corps et fit campagne avec lui de 1807 à 1810, jusqu'à son licenciement (2).

Selon une lettre de son petit-fils Vladimir d'Horrer (branche russe) à son cousin germain Arsène d'Horrer (branche française), Marie-Joseph avait été employé pour la correspondance secrète. Lors de la prise de Moscou par Napoléon en 1812, il n'avait pas pu fuir à temps, fut saisi et traduit devant une commission de guerre présidée par Davout. Ce dernier lui ordonna de dire tout ce qu'il savait sur les positions de l'armée russe, le nombre des troupes, etc. Sur sa réponse négative, il aurait voulu le faire fusiller. Mais il revint sur sa décision et le renvoya prisonnier de guerre. Après bien des mésaventures, Marie-Joseph parvint à s'échapper de Moscou avec l'aide de quelques cosaques, et alla trouver le maréchal Koutousoff, prince de Smolensk, qui, lui accordant une confiance illimitée, le chargea souvent de commissions importantes.

Après la mort de ce maréchal, il fut nommé, le 13 septembre 1813, aide de camp du directeur des Voies et Communications militaires de la Grande Armée russe. Il fit en cette qualité les campagnes de 1813 et 1814 et se trouva en particulier aux batailles de Bautzen/Wurschen et de Leipzig (18 octobre 1813) ainsi qu'aux combats de Kulm. Il fut nommé capitaine du Génie, par ordre du jour à l'armée, pour s'être particulièrement distingué à Leipzig. A la fin de la guerre, il obtint, en récompense de ses services, le grade de major du Génie, équivalent en Russie à celui de lieutenant-colonel.

Bien qu'il soit alors attaché à la personne du duc Alexandre de Wurtemberg et se voie dans une position très avantageuse avec la perspective de passer bientôt général, il obéit néanmoins avec empressement, après la Restauration, à l'ordonnance de Louis XVIII, qui rappelait en France les anciens officiers. Il obtint sa démission du service russe le 5 juin 1816, muni d'un certificat particulièrement flatteur du général Louis de Carbonnier de Grangeac, directeur des Voies et Communications militaires.

Rentré en France, il fut nommé chef d'escadron de cavalerie par ordonnance du 6 mai 1817 et nommé au poste de commandement du 3e escadron du régiment des Cuirassiers de la Reine par ordonnance du 3 août suivant (3).

C'est alors que le comte de Noailles, ambassadeur de France en Russie, le réclama avec insistance en raison de sa parfaite connaissance de la langue russe et du pays, pour qu'il soit attaché à son ambassade. Il y fut envoyé comme secrétaire d'ambassade interprète le 24 octobre 1817.
Démissionnaire le 6 juillet 1820, il fut nommé secrétaire d'ambassade en Suisse. Il rendit partout des services signalés, et fut notamment chargé de négociations très confidentielles à Fribourg. Il mena à bien les difficiles négociations de 1827 et 1828 entre la France et la Suisse. C'est à lui que sont dues les capitulations des régiments suisses entrés au service du roi de Naples. En 1848 et 1849, ces régiments avaient sauvé la couronne du roi des Deux-Siciles. Dans son livre sur la duchesse de Berry, H. Thirria cite d'ailleurs d'intéressantes lettres qui nous renseignent sur les agissements du comité royaliste formé à Berne sous la direction de Marie-Joseph d'Horrer.

Le journal "L'Helvétie"  rapporte : "Le chevalier d'Horrer, ancien secrétaire d'ambassade de France en Suisse, qui avait reçu l'ordre de quitter Berne, est signalé comme le principal agent carliste en Suisse. Avant de quitter cette capitale, il fait grand bruit d'un acte d'immatriculation qu'il dit être sa propriété et qu'il voudrait qu'on lui restituât. Le fait est que cette pièce lui a été délivrée par M. de Gabriac, ancien ambassadeur en Suisse, alors qu'il n'était plus en fonctions. On voit maintenant pourquoi Monsieur d'Horrer tient tant à la restitution de cette pièce, qui sera beaucoup mieux entre les mains du gouvernement français." (BNF, Journal des débats politiques et littéraires, 18 septembre 1832)
 

Plusieurs ouvrages parlent de lui comme d'un historien distingué des sociétés secrètes, très au fait de la franc-maçonnerie en Suisse, et il donnait des détails biographiques très intéressants sur les principaux personnages de la révolution suisse de 1848 et leurs liens avec la franc-maçonnerie. A titre d'exemple, on trouve une longue et intéressante citation de lui dans le livre "Révolutions en France et en Europe"

Il avait été nommé depuis un certain temps déjà consul général dans les provinces Moldo-Valaques, à Bucarest, mais avait reporté son départ de Suisse pour terminer les négociations relatives à la capitulation des régiments suisses au service de Naples, qui ont sauvé la couronne des Deux-Siciles en 1827 et 1828. Il se trouvait encore à Berne lors de la Révolution de 1830, qui vit l'accession de Louis-Philippe et des Orléans sur le trône.

Profondément attaché aux Bourbons, personnellement lié au roi Charles X, désormais en exil, il refusa de prêter serment, fut déclaré démissionnaire, privé de traitement, et dut recourir à sa plume pour faire subsister sa nombreuse famille, d'abord à Turin et en Russie, où il avait laissé plusieurs enfants, puis à Paris où, revenu en 1842 et, résigné au sort précaire que les révolutions lui avaient fait, il vécut de sa collaboration comme publiciste aux revues et journaux catholiques, notamment de L'Ami des Religions, où il était un spécialiste des souffrances de l'Eglise catholique dans les pays du Nord et en Russie.

En 1843, il donne des cours sur la philosophie rationaliste allemande dans le cadre d'un Institut Catholique dont les membres font allégeance au comte de Chambord, prétendant Bourbon légitimiste.


Habitant au 1, rue de Babylone, à Paris, il y fut emporté en quelques heures par l'épidémie de choléra le 3 mai 1849. A cause des risques de contagion, il fut inhumé très vite et repose avec sa fille Ernestine (qui vivait avec son père et mourut du même mal peu de temps après lui) au cimetière Montparnasse dans la tombe d'un ami, M. J. Lambert de Frondeville, sans mention de nom (4).

Chevalier de Saint-Vladimir de Russie (13 janvier 1812), de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis (6 mars 1817) sur la recommandation du prince de Condé (voir Doc-12 recommandation), de la Légion d'Honneur (4 novembre 1828), chevalier commandeur de Saint-Ferdinand et du Mérite des Deux-Siciles, autorisé à accepter et à porter cette décoration par autorisation du Grand-Chancelier de l'ordre royal de la Légion d'Honneur (11 février 1829), chevalier grand-croix de la Milice de Jésus-Christ autorisé à accepter et à porter cette décoration par décision royale du 31 octobre 1826, chevalier de l'Eperon d'Or, il fut créé comte, avec transmission du titre comtal héréditaire à chacun de ses trois fils survivants (Philippe, Joseph-F-X. et Alexandre) par le Pape Grégoire XVI le 25 janvier 1836 (voir Doc-13 : Document de Grégoire XVI), en raison de son dévouement au saint-Siège, de sa haute valeur morale et de la dignité de toute sa vie. Le 30 avril 1836, Marie-Joseph d'Horrer fit confirmer ce titre par Charles X, le roi en exil à Prague, mais qu'il continuait à considérer comme légitime (voir DOC-14 : lettre de confirmation).

Il unissait à la bravoure militaire une instruction très étendue et, indépendamment d'une collaboration suivie à diverses revues périodiques et à des journaux catholiques, il publia plusieurs ouvrages, parmi lesquels on peut citer "Persécutions et souffrances de l'Eglise catholique en Russie, par un ancien conseiller d'Etat de Russie" (Paris, Gaume frères, 1842, 1 vol in-8°, cote de la Bibliothèque Nationale : M.30765) ; "Persécutions de l'Eglise catholique en Pologne" "Le Messie", poème, traduction nouvelle par M. J. d'Horrer, Paris, Egron 1825, 3 vol. in-8°, Bibliothèque Nationale YN 2892-2893) ; Une traduction (de l'allemand) de l'ouvrage de Mgr Droste-Vischering, évêque de Cologne : "De la paix entre l'Eglise et les Etats", 1844, 1 vol in-8°, Bibl. Nat. E.5904 ; "De la situation de la république et du canton de Genève dans son conflit actuel avec Mgr l'évêque de Lausanne et Genève" (1844) (5) ; il est aussi l'auteur d'un Dictionnaire français-italien.

.Le 17 mai 1804, à Moscou, Marie-Joseph d'Horrer fut témoin au mariage de sa soeur Isabelle avec Philippe-Germain de Galland. Par commission du duc de Feltre, le capitaine d'Horrer, résidant à Moscou, chevalier de Saint-Louis, fut chargé de recevoir en qualité de chevalier du même ordre son beau-frère, le capitaine de Galland, réception qui eut lieu de 19 janvier 1818.

Marie-Joseph d'Horrer épousa à Kiev, en Russie, le 1er mai 1806, Marie-Catherine-Wilhelmine de RACHETTE (6), d'une famille russe d'origine française qui russifia son nom en ROCHET (même prononciation), fille de Jacques-Dominique de Rachette, conseiller d'Etat et chevalier de l'ordre de Sainte-Anne, et d'Esther van Dokum. A défaut de prêtre catholique, cette union fut seulement contractée devant le pasteur luthérien de Kiev, et il la firent confirmer à Saint-Pétersbourg le 20 mai 1811, à l'église catholique romaine de Sainte-Catherine. Wilhelmine de Rachette mourut le 16 mars 1833 à Moncaglieri (ville des Etats sardes tout près de Turin), âgée de 45 ans. 

Ils ont eu neuf enfants, qui suivent :

NOTES

1/ A l'acte de mariage de son fils Joseph-François-Xavier à Saint-Pétersbourg, le 11 janvier 1840, il est en particulier qualifié de "comte d'Horrer de Forsting".

2/ Le 22 mars 1808, il reçut, pour se rendre à Vienne, un laisser-passer du prince Prosorowski sur lequel il est dit "major de brigade de la 2e brigade de milice du Gouvernement de Kiev".

3/ Sur son procès-verbal de réception dans l'ordre de Saint-Louis, en date du 24 octobre 1829, signé de son cousin germain le vicomte Capriol de Saint-Hilaire, maréchal des Camps et Armées du Roi, commandant d'une brigade d'infanterie de la Garde, Marie-Joseph d'Horrer est qualifié de "lieutenant-colonel de cavalerie, consul de France à Bucarest."

4/ Cette tombe, où reposent également J. B. Joseph de Morgan ainsi que des membres de la famille des comtes de Beaumont, se trouve dans la 3e division, 1ère section, 4e ligne du Rond-point.

5/ On trouvera des notices biographiques dans le "Grand Dictionnaire Larousse", le "Dictionnaire des Dictionnaires" de Mgr Guérin ; le "Nouveau dictionnaire d'histoire et de géographie ancienne et moderne" de d'Ault-Dumesnil ; le "Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l'Alsace" de Sitzmann ; la "Biographie universelle" de Michault.

6/ de Rachette : famille originaire du Languedoc. Antoine-Jacques-Dominique (1744-1809) émigra en Russie à la Révolution, et il fut anobli à la fin de sa vie. Sa famille fut inscrite dans la IIIe partie des registres nobiliaires (noblesse acquise en service civil).

 

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